Le 8ème Journal de Murdocking

SONDAGE : Des réactions ? Je suis preneur ! J'apprecie cet article : 100% Cet article ne me fais ni chaud ni froid : 0% Je n'apprécie pas cet article : 0% Nombre de votants : 1 Du Mercredi 29 Octobre 2003, 12:52 au Mardi 27 Janvier 2004, 12:52.

               Voici mes premières lignes. Cela faisait longtemps que j'avais envie de me replonger dans l'entreprise d'un journal intime. J'écris mes pensées depuis l'âge de 13 ans, mais j'avoue avoir laissé mes journaux de côté depuis pas mal d'années. J'ai déjà 7 livrets, cahiers pleins, chacun racontant une partie de ma vie, une phase de mon évolution, de l'adolescent de 13 ans jusqu'à mes 18 ans. Voici le 8ème Journal, qui commence bien plus tard que mes 18 ans. Ami lecteur sois indulgent et s'il te plaît, prends du recul par rapport à ce que tu vas lire.

            J'ai 27 ans. Je suis loin du petit garçon qui à commencé à griffonner dans ce journal que m'avais offert mon amie Sylvie. Aujourd'hui je constate avec un certaine fierté je l'avoue, cet amoncellement de lignes, de paragraphes, de pensées... et malgré tout, je me demande encore à quoi tout cela peut-il bien me servir. Plus d'une fois j'ai voulu emmener toutes ces pages et les brûler dans un grand feu (de joie?) . C'est peut-être ma volonté de vouloir repartir à zéro, renaître, recommencer qui m'à donné cette idée destructrice. Pourtant je n'ai pas pu. Brûler mes cahiers, ce serait me résoudre à perdre une partie de moi-même. Et puis je suis plus attaché sentimentalement à ces notes que je ne le voudrais.

           Faut-il refaire des présentations ? Dans un cahier ordinaire, je m'en serais bien passé, mais nous ne sommes pas dans un cahier "ordinaire". Donc une petite mise au point est nécessaire.

           Je suis né dans une petite ville au sud de Lyon et j' ai passé toute ma vie dans sa région jusque là. J'ai grandi dans un petit village perdu dans la campagne, qui à eu quand même l'avantage de m'éloigner du vandalisme citadin. Je suis d'un tempérament calme...trop calme, car mes colères sont dévastatrices. Je n'ai pas encore réussi à gérer mes émotions et je me laisse parfois submerger par celles-ci. Je me considère comme quelqu'un de très naïf et sensible. Je ne suis pas extraordinairement intelligent (loin de là), mais je pense savoir faire preuve de bon sens. Et quand je prends de mauvaises décisions, j'essaye toujours d'en tirer une leçon, ce qui à le mérite de me réconforter, de donner un sens à mes erreurs et à mon évolution.

         Bref, je semble être le Quidam type, l'inconnu parfait, le Djeun' caricaturé....Mise à part que....

         Je me faisais beaucoup de soucis pendant mon adolescence en ce qui concernait ma personne et surtout ma sexualité. C'est pour cela que pendant 7 longues années je me suis caché mon homosexualité. Entre 13 et 20 ans, j'ai vécu un calvaire psychologique inexprimable. "Inexprimable" est justement le mot qui convient, puisque je me défendais même de PENSER que je suis homosexuel. Pour moi c'était impossible. En fait , ce n'était pas complètement pour moi que je me faisais du soucis, mais pour mes parents. Bien sûr, je m'imaginais tel que les jeunes de mon âge voyaient les homosexuels "des PDs, des porcs qui se livrent à la luxure", car ayant grandi avec ces jeunes, j'en ai pris tous les préjugés. C'est bien difficile de grandir avec de telles idées, quand on se dégoûte sois-même. J'ai donc développé un complexe d'infériorité assez fort dont il me reste encore aujourd'hui quelques traces. Je pensais en grand naïf que j'étais que l'amour avec une fille allait arriver lors du premier baiser. Mais quand j'ai donné ce baiser je n'en avais tiré aucun plaisir, au contraire, cela m'avait déplut.... le conte de fée s'est éteints, et j'ai su alors qui j'était réellement: un homosexuel, un gay. Pendant 7 ans, je me le suis caché. Puis, n'en pouvant plus de tenir ce secret qui me pourrissait intérieurement, j'en suis tombé malade, à 20 ans. Je ne pouvais plus continuer. Je ne mangeais plus. Je ne dormais plus. Rester près de mes parents me donnais la nausée, car pour moi, je constituais une insulte à leur yeux. Je sortais, à la recherche d'autres gens comme moi afin de savoir réellement qui j'étais.
 
         Je me cherchais moi même. J'allais donc là où j'avais vu ces hommes qui s'accrochaient du regard : le jardin publique. Je prenais un livre et j'attendais. Et en quittant ce lieu un jour, un homme au loin m'avait fait signe d'approcher. J'ai pointé mon index contre ma poitrine pour m'assurer qu'il s'agissait bien de moi à qui il faisait signe. Et il me répondit que oui, d'un mouvement très lent de la tête. Je me suis approché. Quand je suis arrivé à 10 mètres de lui, il s'est levé et à quitté le parc. Je ne savais pas quoi faire. Il voulait que je le suive. J'avais peur. Je commençais à lui emboîter le pas. Il se dirigeait vers des bâtiments. "S'il rentre je ne le suis pas" me suis-je répété. Il est entré.
       Je suis resté sur le seuil de la porte. Il avait grimpé quelques marches d'escaliers.

 
-"Où est-ce que vous allez " avais-je demandé
-"Il y a ma chambre en haut" m'avait-il répondu

       Je ne savais pas si j'étais blanc de peur ou rouge de colère. "Je ne veux que discuter" ai-je lancé en me retournant. "Mais on peux discuter si tu veux" avais-je entendu avant de claquer la porte.

             Ce qui est sûr c'est que pour un premier contact c'était bel et bien raté. Et cette expérience allait dans le sens de ces préjugés que j'avais eu toute ma vie. Tous les homosexuels étaient-ils des monstres ? Étais-je le seul à ne pas rechercher le sexe ? Pire que tous : allais-je devenir comme eux ? Je me posais bien trop de questions... et je souffrais du manque de réponses.

            Peu de temps après, j'ai dû le dire à mes parents.... une catastrophe. Ma mère s'inquiétait du fait que je ne mange plus, que je passais mes nuits debout, et mes journées en ville. Nous mangions dehors, c'était en juillet. Je me contentait de regarder mon steak dans mon assiette quand ma mère m'a dit qu'elle voulait me montrer à un médecin. Elle se faisait beaucoup de soucis. Je n'ai pas pu la laisser dans cet état, même s'il fallait traverser une épreuve encore plus terrible.

"Maman, lui ai-je dis, la voix tremblante, je sais ce qui ne vas pas". Elle regardait mes mains trembler, et pourtant elle m'à dit :
"C'est un problème de fille !"
".........Si seulement !, ai-je répondu"
"C'est un problème de garçon", le ton qu'elle prit en disant "garçon" était claire: elle parlait d'homosexualité.

         Je n'ai pas répondu tellement j'étais mal. Qui ne dit mot consent, parait-il. Ma mère à éclatée en larme, levant les bras au ciel, hurlant qu'elle avait enfantée un "monstre". Ces mots ont été comme des lames me transperçant le coeur. Elle faisait les 100 pas, elle ne tenait plus en place. Mon père me saisit le bras et me dit "Si tu veux nous achever, tu n'as qu'à nous dire que tu as quelqu'un dans ta vie". Je lui ais répondu que, lui, il à trouvé la femme de sa vie, qu'il à trouvé son bonheur, et qu'il m'interdit maintenant d'être heureux. Etait-ce normal ?" Ma question l'avait troublé. J'avais touché son coté raisonnable. J'avais semé une graine nommée "l'homosexualité est autre que ce que l'on croit". Elle allait germer lentement dans son esprit et j'allais en être le tuteur. Cette journée était terrible, mais nous nous en sommes sortis à coups de grandes discussions.

        Ces discussions étaient des cercles viscieux parfois, car ma mère me posait LA question à laquelle je n'avais AUCUNE réponse : "POURQUOI?". Je ne pouvais que répondre "parce que c'est ainsi". Comme tous les parents dans sa situation (et comme dans cette publicité pour la viande que je hais parce qu'elle me rappelle ce souvenir) , mes parents se sont demandé s'ils avaient fait "quelques chose de mal", où ce qu'il avaient fait pour que je sois homosexuel. Ces questions n'ont pas de réponses précises. Je pense que l'on naît homosexuel, et que certaines circonstances nous poussent vers l'homosexualité, selon la sensibilité de l'enfant. Mon frère qui est de 5 ans mon aîné, n'est pas homosexuel. C'est donc bien que cela fais parti de moi et que mes parents n'en sont pas directement responsables. Pas directement, dis-je, car dans ma famille, c'est ma mère qui "porte la culotte", et je pense que c'est un facteur récurrent dans l'entourage des homosexuels, en plus d'un père défaillant, soumis (tel que le mien) ou absent.

     Je me souviens de cette légèreté. C'était réel, physique. Vous savez, quand on dit que l'on à un poids en moins sur les épaules, et bien c'était réel. je me sentais si léger, je croyais que j'allais m'envoler. Et je riais !!! Aujourd'hui je ne doute pas que c'étaient mes nerfs qui décompressaient de 7 ans de pression. Mes parents s'en étaient bien rendu compte.

        Voilà... pour un premier article c'est déjà pas mal. Je vais continuer à remonter le fil du temps jusqu'à aujourd'hui, en ne parlant que de l'essentiel, bien sûr. Je me rends compte qu'il y à pas mal de choses "essentielles". lol, mais je vais y arriver avec de la patience et beaucoup de courage.